Le 10 mai 2021, la coordination « Plus Jamais Ça Loire » a organisé une conférence-débat sur le thème des financements envisageables en vue d’une d’extension du système de « Sécurité Sociale » à tous les secteurs d’activité pouvant garantir, hors logique de profits, un panel de droits fondamentaux en termes de santé, d’alimentation, de logement, de transport, d’énergie, d’eau…
Dans le contexte de crise systémique exacerbée par la pandémie COVID19, le collectif national « Plus Jamais Ça » rassemble une trentaine d’organisations syndicales et d’associations citoyennes et écologistes autour d’un « plan de sortie de crise » publié au sortir du premier confinement et qui évolue aujourd’hui en « plan de transformation sociale, écologique et démocratique ».
Début 2021, la coordination de la Loire a engagé un travail autour de la reconquête et de l’élargissement de la Sécurité sociale. Une première conférence-débat a croisé les perspectives de la CGT, de Solidaires et de la FSU en terme de sécurité et de protection sociale, avec la présentation du projet de sécurité sociale de l’alimentation.
La conférence débat du 10 mai proposait de croiser les points de vue entre Thomas Coutrot, Jean Michel Harribey (tous deux économistes membres du conseil scientifique d’ATTAC) et Bernard Friot (économiste spécialiste de la sécurité sociale et de la sociologie du travail), concernant les questions de financement qu’il faudrait mobiliser pour être à la hauteur des enjeux sociaux et écologiques.
Nous proposons ici des extraits choisis de l’enregistrement de cette soirée sur trois thèmes spécifiques. (La vidéo complète est accessible sur le site www.pjc42.fr)
La première vidéo (8 mns) présente comment Bernard Friot envisage cette extension de la Sécurité sociale autour de l’idée d’une monnaie en nature complétant les salaires et revenus des personnes percevant moins de 1700 euros mensuels. Cette monnaie, correspondant à ce qui fonctionne aujourd’hui grâce aux cotisations sociales, serait utilisable au sein d’un réseau de professionnels conventionnés, respectant des critères sociaux et écologiques alternatifs par rapport au système aujourd’hui dominant.
Dans la deuxième vidéo (6 mns), Thomas Coutrot présente comment l’on pourrait créer institutionnellement une « monnaie complémentaire nationale fiscale » qui permettrait d’engager la transformation sociale et écologique nécessaire, en évitant d’entrer en conflit frontal avec les règles de l’Union Européenne et le monopole de création monétaire détenu par la BCE depuis 1992.
La troisième vidéo (10 mns) met en parallèle les positions et réflexions des trois intervenants concernant la question de la création monétaire, à mettre sous contrôle ou en gestion démocratique, éventuellement au sein du système sécu, avec quel niveau de conflit ou de rupture à l’égard des principes européens actuels. Ce pouvoir de création monétaire conditionne la réalisation des investissements nécessaires à une transformation sociale et écologique à la hauteur des enjeux.
Cette rencontre est une étape importante dans la perspective d’élaboration collective du projet de « Sécurité Sociale et Écologique Universelle » que nous soutenons. Les propositions concrètes de Bernard Friot et Thomas Coutrot nous semblent notamment pouvoir être mises en complémentarité pour donner une réelle perspective de concrétisation du projet.
Les questions autour de la création monétaire, mais surtout du niveau de conflictualité envisageable avec l’union européenne pour pouvoir donner l’ampleur nécessaire au projet montrent qu’il y a de nombreux chantiers à mener pour aboutir à une perspective à la fois accessible et de réelle mutation.
La question de l’équilibre à trouver entre pouvoir d’Etat et pouvoir attribué au système sécu reste aussi essentielle, autant que celle du mode d’organisation démocratique du système sécu impliquant réellement les gens…
A voir maintenant quelles suites donner à ces premiers pas…
A vos avis